Il y a des périodes comme ça dans la vie, où tout ce qui nous arrive "par hasard", semble justement ne pas être le fruit du hasard. Par exemple, en ce moment, j'ai comme l'impression d'être dans un cycle "rencontres insolites" avec en toile de fond "l'Histoire de la résistance".
En effet, quelques jours après la rencontre avec Mon camarade Pierre, militant historique, atteint de cessité, j'ai eu l'honneur de rencontrer Harry Belafonte. ( pour ceux qui ne voient pas encore qui est Harry Belafonte, je vous prie de lire la suite de l'article avant de foncer sur Wikipedia ;-)
Ça a commencé par un Email qui m'a été transmis et qui disait ceci :" Harry Belafonte, qu'on ne présente pas, réalise un documentaire sur les démocraties dans le monde. Le documentaire s'appelle : "ANOTHER NIGHT IN THE FREE WORLD". Il veut porter un regard sur les Démocraties et leurs échecs quant aux promesses faites à toutes les communautés qu’elles représentent, montrer comment les artistes racontent ce dilemme. Il souhaite demander aux rappeurs les plus intéressants d'une dizaine de pays "démocratiques" de composer un titre où ils racontent ce que c'est pour eux, que de vivre dans ce pays. En Europe, il a choisi l'Allemagne, l'Angleterre et la France."
Je dois avouer mon inculture, mais chut, surtout, ne le répétez à personne : Harry Belafonte, ça me disait quelque chose, mais quoi ? J'ai bien aimé dans l'Email, le "Harry Belafonte, qu'on ne présente pas..." Quelques heures après la réception de l'Email, j'en parle à un pote, et il me dit : " Harry Belafonte, le vrai !?". J'ai répondu "Ouais ouais, le vrai !" mais je n'osais pas lui avouer que je ne savais pas encore qui était le VRAI Harry Belafonte. Honte sur moi.
Je suis donc allé voir sur Internet. Harry Belafonte. Et là, je reconnais le chanteur : "Mais oui, je connais cette chanson. J'la kiffe en plus", "Mais c'est vieux ça !", "Ah ouais, celle-là, elle est terrible !". "Il a fait çà aussi ! non ?"... Le mélomane que je suis avait bien raison d'avoir honte.
Pour ceux qui seraient incultes comme moi. Vlà une de ses célèbres chansons parmi tant d'autres : Banana Boat song ( day-o)
Voilà donc que je rencontre Harry Belafonte dans un Hôtel parisien. Je devais être le 6ème ou le dixième "rappeur" qu'il rencontrait ce jour-là. Et donc il me fait la présentation de son projet. Et je lui dit que j'aime cette idée "d'internationale du hip-hop".
Il me parle de "power of hip-hop". Je lui dis que je préfère parler du pouvoir de la musique, que je ne me considère pas seulement comme un rappeur. Je lui parle de mon idole musicale "Bob Marley".
Il me parle du siècle dernier de ces combats "internationaux et internationalistes". Toutes ces grandes figures de la lutte : Rosa Parks, Martin Luther King, Nelson Mandela, Malcolm X... j'y ajoute Bob Marley, une obsession, je sais.
Il me dit, "mais pourquoi, les grands mouvements de révoltes du siècle dernier semblent ne plus exister ? " je lui réponds "c'est comme ça depuis que Bob Marley est mort". Il éclate de rire !!!
C'était une blague, pourtant, au fond, j'étais sérieux, il y a toujours des grandes figures pour incarner des grands combats. Mais aujourd'hui, ces grandes figures, il faut bien avouer, on les cherche plus qu'on ne les trouve. Il y en a bien quelques uns pour clamer qu'ils sont une "grande figure"; mais s'il suffisait de le dire...
Il me parle de liberté, et me demande ce que ça me fait de vivre dans un pays dit "libre". Je lui réponds que la liberté n'est jamais acquise, que c'est un combat de chaque jour. C'est un bien précieux qu'on cherche à nous voler chaque jour. En France, plusieurs de nos libertés et de nos droits sont menacés quotidiennement : liberté d'expression, liberté de la presse et des médias, droit au logement, droit d'asile, droit de choisir ce qu'on nous met dans nos assiettes... Je lui parle de l'état de nos prisons; de la façon dont on traite les sans papiers, les SDF... Je lui parle aussi un peu de l'Abbé Pierre, un grand Monsieur, lui aussi disparu...
Et puis, je lui sors cette phrase magnifique de Nelson Mandela, quelques années après avoir gagné sa grande bataille face à l'appartheid : "notre peuple ne sera jamais totalement libre, tant que le peuple palestinien ne sera pas libre."
L'internationalisme, la convergence des luttes, la solidarité entre les peuple, ma liberté est celle de l'autre... la discussion est plus que passionnante.
Et puis, il se met à me raconter son histoire. Il me parle de sa rencontre avec Martin Luther King, dont il a été un compagnon de route et un intime. Il me parle de Nelson Mandela, son "ami"... des batailles qu'il a mené avec les uns et les autres...
Et là je me dis que je suis vraiment un abruti de première de ne pas avoir cherché à en savoir plus sur lui juste avant de le rencontrer. Oui, Harry Belafonte est bien plus qu'un chanteur, c'est un militant Historique au sens propre du terme. En même temps, c'est marrant de lui avoir sorti , sans le savoir, cette citation prononcée par son ami "Mandela".
Et le pire, c'est que je l'ai saoûlé pendant près d'une heure avec Bob Marley, et que lui-même est... jamaicain !
Pour le documentaire, je ne sais pas si ça se fera ou pas, ni quand, ni comment, avec ou sans moi... Mais,déjà, simplement, j'ai kiffé cette heure d'Histoire avec le VRAI Harry Belafonte ;-)
Peace & Respect